Collection de jouets anciens Claude Lamboley
Collection privée depuis 1978Plongez dans l’univers fascinant des jouets d’antan, véritables témoins d’une époque révolue où chaque objet racontait une histoire.
Claude Lamboley
Médecin, rhumatologue, médecin expert près la Cour d’Appel.
Membre de l’Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier.
Je me souviens parfaitement avoir eu, dans les années 70, la révélation de ma future passion, à l’occasion d’une visite du Museum of Childhood d’Edinburgh dont la diversité des jeux et jouets présentés m’a immédiatement séduit. Ce fut le déclic. Quelques temps plus tard, à l’occasion d’une brocante, j’achetais mon premier jeu, un de ces petits casse-têtes si courants à la Belle Époque ; son ingéniosité et surtout ses qualités esthétiques m’avaient conquis. Cela a été le premier pas, suivi de beaucoup d’autres. Il s’agissait d’un véritable coup de foudre.
Qu’appelle-t-on jouets de collection ?
Poupées, automobiles, trains, jouets mécaniques, soldats de plomb, ours en peluche, nombreux sont les jouets collectionnés. Cependant, le collectionneur n’est pas intéressé par n’importe quel jouet. Ce dernier doit répondre à des impératifs précis. Pour être considéré comme un objet digne d’être collectionné, le jouet doit répondre à plusieurs critères :
- Ce doit être effectivement un jouet
Bien des objets, considérés comme jouets, n’en sont pas, malgré leur petite taille. Par exemple, les meubles miniatures, que l’on trouve chez certains antiquaires ou dans les ventes spécialisées, sont en fait des chefs-d’œuvre d’apprentis ou de compagnons, souvent objets de maîtrise. Leur finalité n’a jamais été d’être des jouets, à la différence des meubles-jouets confectionnés pour l’usage des enfants ou pour meubler des maisons de poupées. Un autre exemple est celui des maquettes de machines, faites souvent par des apprentis ou des amateurs, qu’il faut distinguer des machines, mues par la vapeur ou l’électricité, fabriquées pour être la distraction des enfants. Ces objets ont leur valeur propre, mais ceux qui les collectionnent ne sont pas forcément amateurs de jouets.
- Le jouet doit aussi être ancien
Ce qui ne veut pas dire forcément de grande ancienneté. Certains jouets très anciens ne sont pas nécessairement les plus côtés, parce qu’ils sont moins beaux ou moins recherchés que d’autres plus récents. Etre anciens signifie seulement qu’ils ne sont plus d’actualité, que leur production et leur commercialisation ont cessé et que leur conception est périmée, mais reste caractéristique de leur époque. C’est le cas des jouets en tôle qui ont été remplacés, vers 1960, par des jouets en plastique, aussi bien pour des raisons économiques que pour des motifs de précaution et de sécurité.
- Le jouet doit enfin être beau
Le rôle de la beauté est décisif. Beauté des formes, de la couleur, des détails et de l’ensemble, beauté caractéristique d’une époque, surtout si elle apparaît surannée. Beaucoup de collectionneurs considèrent Académie des Sciences et Lettres de Montpellier 279 ces jouets comme des objets d’art populaire ; ils doivent donc être agréables à regarder, même si leur aspect est parfois caricatural, sinon naïf, et surtout pas fidèle à la réalité.
Comment devient-on collectionneur de jeux et de jouets anciens ?
Malcom Forbes, magnat célèbre de la presse financière américaine, grand collectionneur de jouets anciens, écrivait :
Je ne crois pas au fond que la plupart des collectionneurs aient commencé en voulant être collectionneur. Je pense que la plupart des gens ont commencé à collectionner des objets – qu’il s’agisse des décalcomanies pour parechocs ou des menus de restaurant – comme des souvenirs, comme des capteurs de mémoire, aux lieux et place d’un journal intime. C’est beaucoup plus gai et ça demande moins d’effort. Ce qui commence avec un quelconque objet de vitrine destiné à rappeler un événement ou un lieu se transforme en une quête qui finit rarement.
Le collectionneur Jac Remise, journaliste, avoue :
J’aime collectionner les bateaux parce qu’ils sont merveilleusement évocateurs : ils me font rêver à la mer, à son histoire et à celle de la marine si riche d’aventures passionnantes ; parce qu’ils me font retrouver les océans imaginaires de mon enfance.
Pourquoi collectionner les jouets du passé ?
Le plus souvent, le collectionneur de jouets, séduit par un certain jouet, constitue une série de ce dernier qu’il décline dans ses nombreuses variantes. Tel est son but. Les exemples sont nombreux de collections de Dinky toys, d’ours en peluches ou de poupées Barbie.
Le collectionneur se contraint à une quête le plus souvent sans fin tant est grande la variété des jouets fabriqués. Cette quête de l’objet, avec l’excitation que sa recherche puis son acquisition provoquent, fait partie du plaisir.
Pour ma part, depuis une cinquantaine d’année, je collectionne de manière éclectique les jouets et les jeux fabriqués avant 1960, m’intéressant tout particulièrement au précinéma et aux jouets scientifiques, que complètent de nombreux catalogues de magasins de jouets, de nombreuses factures et prospectus de fabricants et un lot important d’affiches de musées du jouet que j’ai visités, en Europe.
Il parait évident, que les raisons de cette collection sont à rechercher dans la nostalgie d’une enfance, certes heureuse, mais à jamais envolée.
Quelles que soient les motivations psychologiques, l’intérêt d’une telle collection réside dans le fait que ces jouets anciens sont captivants.
En premier lieu, ils sont les témoins d’une époque et le reflet d’une société.
En second lieu, ils sont aussi le reflet des progrès scientifiques et techniques, qu’ils anticipent parfois, comme le phénakistiscope, précurseur du cinéma et du dessin animé.
En troisième lieu, ils séduisent encore parce que, même si leur fabrication est industrielle, leur matière, leur conception, leur finition en font des objets pleins de charme et de poésie, transposant la réalité, ce qui permet l’épanouissement de l’imagination de l’enfant et la satisfaction esthétique du collectionneur.
Quel avenir pour une collection de jouets ?
En dehors de tout souci de transmission à leur décès, rares sont les collectionneurs qui, de leur vivant, décident de vendre leur collection. Ils le font, en général, soit parce qu’ils estiment que celle-ci est achevée et que, de ce fait, elle ne présente plus d’intérêt, soit parce qu’ils souhaitent en commencer une nouvelle sur un autre thème.
Le plus souvent, le collectionneur, arrivant au soir de sa vie, s’interroge sur le devenir de sa collection. Trois possibilités sont à envisager :
Soit la transmission se fait de façon naturelle par héritage.
Soit le collectionneur souhaite vendre sa collection, de son vivant ou après sa mort, quand sa transmission n’est pas assurée.
Soit le collectionneur donne, d’une façon ou d’une autre, sa collection à un musée.
La solution idéale parait difficile.
Il semble, toutefois, que Jac Remise, le célèbre collectionneur, ait réussi une synthèse parfaite de ces solutions en vendant, récemment, une partie de sa collection de jouets anciens, tout en donnant au Musée National de la Marine un superbe ensemble de bateaux-jouets, après avoir, auparavant, cédé à la Cinémathèque française sa collection de précinéma, gardant probablement quelques belles pièces pour sa famille…